Chers amis lecteurs, la trêve estivale souvent propice aux maintenances nous a fait découvrir à l’intérieur des tubes ou… tuyaux (voyons plus tard…) les résultats de phénomènes parfois insoupçonnés.
Si un inox vitrifié vous interpelle, voici quelques informations et expériences.
Quasiment toutes les analyses des eaux naturelles, profondes ou de surface révèlent la présence d’acide silicique (H2SiO4 issu de SiO2+ 2 H2O) , le même que le stimulant naturel des os et quelques fonctions vitales. Les concentrations de cet acide faible varient de 1 à 100 ppm, donc bien soluble dans l’eau à l’inverse des matières en suspension insolubles telles que par exemple la silice (SiO2). Mais si les méthodes traditionnelles de coagulation et précipitation (silice colloïdale) permettent, après filtration, une réduction significative des floculats, il n’en est évidemment pas de même avec les substances dissoutes telles que l’acide silicique.
Sous forme de sels dans les eaux d’alimentation, il ne peut se vaporiser qu’à 27 bars mais sa solubilité croît proportionnellement à la température et devient totale combinée à un pH ≤ 8,3 ce qui est le cas des eaux purifiées alimentant les générateurs de vapeur propre et les distillateurs d’eau.
Toutefois pour des pressions usuelles inférieures à 10 bars, nous n’en sommes pas quittes pour autant. Lors d’une détente, après la phase de surchauffe, l’expansion de la vapeur favorise, lors de condensation potentielle, selon la qualité des matériaux et la rugosité des surfaces, une forme de polymérisation. Ces dépôts de tartre silicique, sont précurseurs de gel colloïdal puis de silice. Très durs et difficiles voire impossibles à éliminer pour des épaisseurs supérieures à 2 mm, la couche vitreuse souvent accrochée aux surfaces de métal, ne peut se dilater avec la même cinétique que l’acier et les cracks ou fissures engendrées deviennent des « nids » collectant les impuretés diverses et des points de départ de corrosion surtout lorsque le métal refroidi se rétracte et « emprisonne » les éléments indésirables.
Lors d’investigations, il est recommandé d’engager un diagnostic dès que les échanges thermiques sont considérablement diminués et les rendements ralentis (réduction de la conductivité thermique des parois).
Pour éviter les dépôts de silice et la « vitrification », la concentration de l’acide silicique dans l’eau d’alimentation des générateurs, inférieure à 0,02 ppm doit être monitorée tant en amont qu’en aval au niveau des condensats. En cas d’atteinte des seuils d’alerte, la déconcentration doit être accélérée avant les amorces d’attaques notamment aux rochages des soudures.
T…comme Tube ou Tuyau
Si bien sûr il ne viendrait à personne une quelconque métonymie entre ces mots dans les expressions telles que « tube inox calorifugé » ou « tuyau d’arrosage domestique » en effet la définition apparaît évidente et claire : un tube est un conduit cylindrique rigide à section constante permettant l’écoulement de fluide etc…..tandis qu’un tuyau peut être souple (ou rigide selon l’Ac.française 8è Ed) donc déformable, écrasable, pliable, clampable donc à diamètre variable.
Notons que de nombreuses définitions courant sur le net ajoutent de la confusion, définissant allègrement un tube comme un tuyau qui… et un tuyau comme un tube qui etc…y compris chez les grands référents tels que Littré, Larousse ou Robert.
Alors que penser : exceptions, erreurs de sémantique ou lapsus lorsqu’on évoque le tube digestif et le tube de crème ou les tuyaux d’orgues. On intube pour le ramonage un tuyau de poêle rigide !! Et mieux la tuyauterie s’entend comme l’ensemble des tubes d’un réseau de distribution et non comme une « tuberie ». Alors devons nous nous résoudre à l’usage indifférencié, commode mais peu satisfaisant de ces termes ?
Au fait hors de nos frontières, outre Manche par exemple est ce plus précis ? Eh bien la « romaine traversée » du chanel a renversé notre logique. En effet le tubing comme un ensemble de « tubes » représente des conduits flexibles (silicone etc…) tandis que le piping ou assemblage de « pipes » correspond bien à nos tuyauteries et nos tubes.
Alors peut-on conclure : pas sûr mais le langage nous construit, perpétue notre culture et certains trouveront sûrement un intérêt à employer les mots justes à défaut d’être vrais.
Et puis voici un petit tuyau : il suffit de marcher dessus pour faire de l’eau plate.
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Dominique Weill
Gérant de DoW.e.l.i pour STERIGENE