Décryptage ! Pour les épris de terminologie, voici le premier article d’une série, signé Dominique Weill, nous apportant son éclairage et son expérience autour de notions officielles ou officieuses, historiques ou vécues.
D comme Dépyro…
Qui n’a pas pris un instant de réflexion avant d’écrire correctement le nom du traitement thermique qui, selon sa définition officielle, consiste en un procédé validé tendant à rendre un produit exempt de substances pyrogènes ? J’ai pu entendre Dépyrogénisation, Dépyrogénation, Dépyrogénéisation, Dépypétogénation et peut être m’en manque‐t‐il ?
Curieux et soucieux de l’emploi du terme correct, quelques investigations s’imposaient. Nous retrouvons donc, dès 1872, dans la 1ère édition de son dictionnaire éponyme, M. Paul Emile Littré nous citant la pyrogénation définie comme une réaction chimique obtenue en soumettant un corps ou substance à de très fortes sources de chaleur. L’étymologie nous rappelle l’origine grecque « pyrexé »= le feu, enrichie du suffixe « ‐ation » induisant « l’opération de ».
Pyrogénation et Dépyrogénation
C’est donc au même titre qu’un apport en oxygène est une oxygénation, que des « générateurs de feu » ou pyrogènes libèrent des produits pyrogénés par pyrogénation. De ce fait le terme « dépyrogénation », qui étant donné le caractère irréversible d’une pyrogénation ne peut en exprimer l’opération inverse, prend ainsi tout son sens comme action ou résultat de la réduction / élimination des pyrogènes. Remarquons que les traductions en anglais, allemand, italien, espagnol, grec… utilisent une étymologie identique. CQFD ? et bien non ! c’eut été trop simple.
Ceci nous a rapproché du sens commun non médical du pyrogène ; ces objets fort prisés plus ou moins décoratifs, collecteurs d’allumettes à friction et présentant toujours un grattoir parfois astucieusement dissimulé. Pour les amateurs, ci-dessous quelques modèles de notre collection personnelle sinon Google en expose une belle vitrine.
Pyrogène et Pyrétogène
Un antipyrétique réduit bien les effets fiévreux. Si quelques auteurs manipulent les deux termes comme synonyme, depuis 1972, certains se sont élevés contre l’emploi inapproprié de « pyrogène ». Toutefois, les publications et usages dans le monde anglo‐saxon n’ont pas été sensibles à cette nuance linguistique au moins dans notre profession !
NB : Il est à noter qu’un seul auteur précise que le terme « pyrogène » désigne des substances pyrétogènes employées massivement pour la désintégration des bactéries ??
En synthèse de ce petit voyage sémantique, une langue restant ô combien vivante, l’abandon des termes incorrects conduiront à leur disparition et la dépyrogénation continuera à survivre à moins que les puristes promouvant la Dépyrétogénation s’imposent à juste titre.
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Dominique Weill
Président fondateur de STERIGENE